Panorama: versant Nord-Ouest de la Chaîne de Belledonne, vu depuis les pentes du Habert de Chamechaude (Chartreuse, Isère), vers 1720m d'altitude.
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Comment la mer de nuages se forme-t-elle dans les vallées grenobloises ?
Isère
Latitude 45° 11' 16'' N |
Agrandir la carte d’après GOOGLE MAPS https://www.google.fr/maps |
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Mer de nuages le long de la vallée du Grésivaudan, vue depuis les pentes du Habert de Chamechaude (1570m) (Chartreuse). |
- la Dent de Crolles (2062m), à gauche, |
(Les noms s'affichent au survol de l'image par le curseur de la souris) |
Très souvent l’hiver, lors de conditions anticycloniques (hautes pressions = temps stable), une couverture nuageuse de basse altitude se forme dans les vallées grenobloises. En plaine, règne alors un temps nuageux, froid et humide, tandis qu’en montagne, au-dessus de la mer de nuages, le soleil brille dans une atmosphère douce et sèche. Contrairement à une situation habituelle (Fig. 1), l’air est plus chaud en montagne qu’en plaine (de 10 voire 20°C). Les températures qui normalement décroissent lorsque l’altitude augmente, se trouvent ici dans une situation inversée (Fig. 2). Les météorologistes appellent ce phénomène INVERSION.
L’air froid est plus dense que l’air chaud. Lorsqu’une couche d’air froid est dominée par une couche d’air plus chaud, l’atmosphère présente un équilibre stable si rien ne vient perturber cette situation. La couche d’air froid, lourde, reste naturellement sous la couche d’air chaud, plus légère.
En effet, l’air froid est contracté, c’est à dire qu’un volume d’air
donné contient davantage de molécules. La masse volumique est augmentée ; la
densité est augmentée :
L’air chaud est dilaté, c’est à dire qu’un volume d’air donné contient moins de
molécules. La masse volumique est diminuée ; la densité est diminuée : Lorsque de l’air froid « lourd » se trouve sous de l’air plus chaud « léger » (« lourd » dessous, « léger » dessus) l’équilibre est très stable. Au début de l’inversion, les vallées contiennent une couche d’air froid « lourd » emprisonné par les montagnes environnantes. Cette couche forme un véritable lac d’air froid. Au-dessus de ce lac, se trouve une couche d’air plus chaud « léger ». Non seulement l’inversion forme un équilibre très stable, mais en plus ce phénomène va s’entretenir.
Dans les vallées, le soleil hivernal est trop faible pour réchauffer le lac d’air froid. Et l'anticyclone plaque l'humidité au sol. Comme il n'y a pas d'évaporation, l'eau contenue dans l’air froid devient vite saturante ; elle se condense : dans le lac d’air froid, se forme une mer de nuages (Fig. 3). Ce phénomène s’entretient : la nappe d’air froid grossit au fil des jours, tant que se maintient l’anticyclone. De quelques dizaines de mètres à l’origine, la couche d’air froid enfle jusqu’à atteindre une épaisseur de plusieurs centaines de mètres (entre 500 et 1 500 m) (Fig. 4 et Fig. 5). Anticyclone, hautes pressions, temps stable ne sont donc pas toujours synonymes de « beau temps général ». Certes le soleil est radieux en montagne, mais au-dessous de l’inversion persistent frimas, nuages bas, brouillard et pollution.
Une fois constituée, l’inversion s’entretient de 3 façons, à condition que le temps reste stable (anticyclone = hautes pressions) :
Le soleil hivernal est bien trop faible pour réchauffer la couche d’air froid : celle-ci persiste.
La nuit, les versants montagneux se refroidissent et abaissent ainsi la température de l’air qui les environne. Cet air froid, donc « lourd », ruisselle vers les vallées où il s’accumule et augmente ainsi la profondeur du lac d’air froid déjà constitué. Dans cette nappe inférieure, l’air devient de plus en plus froid. (Fig. 5)
Comme l’anticyclone persiste, le ciel reste dégagé en altitude. La couche de nuages qui plafonne sous l’inversion perd donc de la chaleur par rayonnement vers l’espace. La face supérieure de la mer de nuages se refroidit et fabrique ainsi de l’air froid « lourd » qui « tombe » dans le lac d’air froid où la température baisse de plus en plus. L’épaisseur de cette couche inférieure augmente. Les météorologistes appellent SUBSIDENCE (du latin subsiderer, tomber au fond) ce mouvement d’air descendant. (Fig. 4 et Fig. 5)
La froidure et l’épaisseur du lac d’air froid augmente de jour en jour.
Seule l’arrivée d’une perturbation active, et donc de vents forts, rompt l’équilibre très stable de l’inversion. Le vent chasse alors l’air froid de la couche inférieure.
THILLET
Jean-Jacques (1997)
THILLET Jean-Jacques,
SCHUELLER Dominique (2009) |
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