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Qu'est-ce qu'une tourbière ?

 

 
Un milieu humide est nécessaire au développement de la tourbière

        Les tourbières se développent généralement dans les zones fraîches et humides. Elles se caractérisent par l’accumulation progressive d’un dépôt organique qui ne se décompose pas (ou peu) : c'est la tourbe"Du germanique turba « touffe d’herbe », la tourbe (Torf en allemand) est une roche sédimentaire datant de l’époque Quaternaire ou actuelle. Spongieuse et légère (densité < 1), cette roche carbonée (60% de carbone) laisse toujours apparaître des débris végétaux reconnaissables." (du germanique turba « touffe d’herbe »). Les tourbières forment ainsi des écosystèmes"Un écosystème est l'ensemble formé par les facteurs physico-chimiques (abiotiques) et la communauté des espèces (facteurs biotiques) d'une aire donnée." particuliers qui abritent une faune et une flore typiques. Jules César disait qu’elles cachaient aussi des trésors de guerre !

        Pour qu’une tourbière apparaisse et se développe, le bilan hydrique, c'est-à-dire la différence entre les apports d’eau (pluies, ruissellements depuis l’amont, sources…) et les pertes (évaporation, ruissellement vers l’aval…), doit être légèrement positif : les apports d’eau doivent être supérieurs aux pertes (4).

        La tourbière est un milieu évolutif qui voit un lac se transformer progressivement en forêt.

 

Les tourbières se répartissent en 2 groupes

        Même si la classification des tourbières n’est pas clairement établie, on peut tout de même les répartir en deux grands groupes :

1) Les tourbières basses des vallées à fond plat, en pays calcaire"Du latin «calcarius», calcaire, chaux, les calcaires sont des roches sédimentaires, tout comme les grès ou les gypses, facilement solubles dans l'eau, composées majoritairement de carbonate de calcium CaCO3." (Somme, Aisne, Oise, Jura), alimentées par les eaux de surface"Les eaux de surface regroupent toutes les eaux naturellement ouvertes sur l'atmosphère : les fleuves, les rivières, les lacs, les réservoirs, les ruisseaux, les lacs de barrage, les mers, les estuaires, les sources, les puits et autres collecteurs d'eau..." (ruisseaux, ruisselets, sources…). Ce sont des tourbières soligènes"Du latin solum, « sol » et du grec génos, « engendrer », « qui provient du sol », une tourbière soligène est une tourbière alimentée par les eaux superficielles." (du latin solum, « sol » et du grec génos, « engendrer », « qui provient du sol ». Une tourbière soligène est une tourbière alimentée par les eaux superficielles"Également appelées eaux de surface, les eaux superficielles regroupent toutes les eaux naturellement ouvertes sur l'atmosphère : les fleuves, les rivières, les lacs, les réservoirs, les ruisseaux, les lacs de barrage, les mers, les estuaires, les sources, les puits et autres collecteurs d'eau...".). L’eau y est limpide et généralement alcaline (pH"Le potentiel hydrogène, noté pH, mesure l’activité des protons (H+) et des ions oxoniums (H3O+ et apparentés) en solution, sur une échelle logarithmique allant de 1 à 14.
- pH = -log[H+]
- pH < 7 : acide
- pH = 7 : neutre
- pH > 7 : basique (alcalin)
- pH = 4 est 10 fois plus acide que pH = 5
- pH = 9 est 10 fois plus basique (alcalin) que pH = 8"
> 8). La tourbe se forme à partir de Mousses (Hypnes) qui se développent en surface, puis meurent et se tassent en profondeur.

2) Les tourbières hautes des montagnes, des plateaux granitiques ou siliceux et des régions circumarctiques, alimentées par les eaux météoriques (pluie, neige…). Ce sont des tourbières ombrogènes"Du grec ombros, « eau, orage » et génos, « engendrer », « qui provient de l’eau de pluie », une tourbière ombrogène est une tourbière qui doit son origine uniquement aux précipitations." (du grec ombros, « eau, orage » et génos, « engendrer », « qui provient de l’eau de pluie ». Une tourbière ombrogène est une tourbière qui doit son origine uniquement aux précipitations.).
Qu'elle ait été à l'origine alimentée par les eaux météoriques ou les eaux de surface, lorsqu’une tourbière évolue, elle parvient à s'isoler de son environnement immédiat. Elle n’est alors alimentée que par les précipitations atmosphériques et les vents : une telle tourbière est qualifiée d’ombrotrophe"Du grec ombros, « eau, orage » et trophê, « nourriture, croissance », « qui est nourrit par l’eau de pluie », ombrotrophe caractérise un écosystème, comme une tourbière, alimenté en eau et en sels minéraux uniquement par les précipitations atmosphériques et les vents." (Du grec ombros, « orage, eau » et trophê, « nourriture, croissance »). L’eau y est acide (pH"Le potentiel hydrogène, noté pH, mesure l’activité des protons (H+) et des ions oxoniums (H3O+ et apparentés) en solution, sur une échelle logarithmique allant de 1 à 14.
- pH = -log[H+]
- pH < 7 : acide
- pH = 7 : neutre
- pH > 7 : basique (alcalin)
- pH = 4 est 10 fois plus acide que pH = 5
- pH = 9 est 10 fois plus basique (alcalin) que pH = 8"
 < 5), avec une très faible minéralisation et une température inférieure à 8°C. Ici la tourbe se forme à partir de Sphaignes"Du grec sphágnos et du latin sphagnos, « mousse qui s’attache aux branches des arbres », les Sphaignes sont des Bryophytes du genre Sphagnum, apparentées aux Mousses, qui prolifèrent en milieux humides et froids. Les Sphaignes vivantes effectuent la photosynthèse et se développent en surface, au bord des marécages. Les Sphaignes mortes, nommées Hyalocystes, qui absorbent jusqu'à 40 fois leur volume d’eau, s’entremêlent aux Sphaignes vivantes, nommées Chlorocystes. L'ensemble forme une texture caractéristique spongieuse. Les cellules mortes finissent par se déposer sans se décomposer. Ce processus est appelé TOURBIFICATION. Les dépôts de matière organique non-décomposée portent le nom de TOURBE et les milieux humides dans lesquelles les Sphaignes évoluent, celui de TOURBIÈRE. La tourbière est un milieu évolutif qui voit un lac se transformer progressivement en forêt." (voir ici) qui à terme façonnent un profil bombé, d’où le nom de tourbière haute. Cet écosystème"Un écosystème est l'ensemble formé par les facteurs physico-chimiques (abiotiques) et la communauté des espèces (facteurs biotiques) d'une aire donnée." fixe plus de carbone par la photosynthèse"La photosynthèse (du grec φῶς phōs « lumière » et σύνθεσις sýnthesis « combinaison »), qui s'effectue chez les Végétaux, les Algues et certaines cellules Procaryotes, est la conversion de l'énergie lumineuse en énergie chimique. Cette dernière est emmagasinée dans des glucides et d'autres molécules organiques, avec accessoirement dégagement de dioxygène." qu’il n’en rejette par la respiration des végétaux, des animaux et des micro-organismes. La tourbière agit ainsi comme un puits qui accumule le carbone sur de longues périodes. Les écologues parlent de "puits à carbone".
Les tourbières des montagnes sont majoritairement ombrotrophes"Du grec ombros, « eau, orage » et trophê, « nourriture, croissance », « qui est nourrit par l’eau de pluie », ombrotrophe caractérise un écosystème, comme une tourbière, alimenté en eau et en sels minéraux uniquement par les précipitations atmosphériques et les vents.".

 

Que sont les Sphaignes ?

        Les Bryophytes du genre Sphagnum (Sphaignes"Du grec sphágnos et du latin sphagnos, « mousse qui s’attache aux branches des arbres », les Sphaignes sont des Bryophytes du genre Sphagnum, apparentées aux Mousses, qui prolifèrent en milieux humides et froids. Les Sphaignes vivantes effectuent la photosynthèse et se développent en surface, au bord des marécages. Les Sphaignes mortes, nommées Hyalocystes, qui absorbent jusqu'à 40 fois leur volume d’eau, s’entremêlent aux Sphaignes vivantes, nommées Chlorocystes. L'ensemble forme une texture caractéristique spongieuse. Les cellules mortes finissent par se déposer sans se décomposer. Ce processus est appelé TOURBIFICATION. Les dépôts de matière organique non-décomposée portent le nom de TOURBE et les milieux humides dans lesquelles les Sphaignes évoluent, celui de TOURBIÈRE. La tourbière est un milieu évolutif qui voit un lac se transformer progressivement en forêt."), apparentées aux Mousses, prolifèrent en milieux humides et froids.

        Les Sphaignes vivantes, nommées Chlorocystes, effectuent la photosynthèse"La photosynthèse (du grec φῶς phōs « lumière » et σύνθεσις sýnthesis « combinaison »), qui s'effectue chez les Végétaux, les Algues et certaines cellules Procaryotes, est la conversion de l'énergie lumineuse en énergie chimique. Cette dernière est emmagasinée dans des glucides et d'autres molécules organiques, avec accessoirement dégagement de dioxygène." et se développent en surface, au bord des marécages. Elles sont incomestibles : aucun organisme ne s’en nourrit directement (4). Elles absorbent et retiennent l’eau dans de grandes cellules percées de pores. Certaines espèces stockent ainsi une quantité équivalente à 15 à 30 fois leur poids sec. Ainsi un tapis d’une surface de 1 m2 et d’une épaisseur de 20 cm peut retenir jusqu’à 70 kg d’eau (4) !

        Pour se procurer les ions nécessaires à leur développement, les Sphaignes possèdent sur la paroi de leurs cellules un système appelé "échangeurs de cations". Ainsi les acides polyuroniques et les acides phénoliques, qui constituent la matrice cellulosique des parois, permettent le relargage (la sortie) d'ions hydronium ou proton (H+) et le captage (l'entrée) d’ions positifs tels que le potassium (K+), le sodium (Na+), le magnésium (Mg2+). Les cellules gagnent des ions, tandis que le milieu extérieur s’acidifie davantage (la quantité de H+ augmente, le pH diminue). (Fig. 1)

Système échangeur de cations chez les Sphaignes
Serge SOYEZ
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Fig. 1
Système "échangeur de cations" chez les Sphaignes.

        Les Sphaignes mortes, nommées Hyalocystes, qui absorbent jusqu'à 40 fois leur volume en eau (1 volume de Sphaignes mortes absorbe 40 volumes d’eau), s’entremêlent aux Sphaignes vivantes (Chlorocystes). L'ensemble forme une texture spongieuse caractéristique. Les cellules mortes finissent par se déposer sans se décomposer. Ce processus est appelé "tourbification, turbification, turfigenèse ou tourbogenèse" (4). Les dépôts de matière organique non-décomposée portent le nom de "tourbe", qui est une roche carbonée, et les milieux humides dans lesquelles les Sphaignes évoluent, celui de "tourbière".

 

        Une dépression topographique se remplit d’eau : un lac-tourbière"Tourbière ceinturant un petit lac qu’elle finit par recouvrir." se forme (Fig. 2).

Formation d'une tourbière
Serge SOYEZ
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Fig. 2
Une dépression topographique se remplit d'eau

        Depuis les berges, certains rhizomes"Du grec rhidzôma, « touffe de racines », un rhizome est une tige souterraine." de plantes pionnières, comme la Potentille des marais ou Comaret (Comarum palustre), le Trèfle d'eau ou Ményanthe Trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata) ainsi que le Marisque (Cladium mariscus), forment des radeaux flottants, aussi appelé tremblants"Zone de pelouse flottante composée de radeaux végétaux flottant à la surface de l'eau, les tremblants se forment en colonisant les étangs ou les mares qu'ils recouvrent parfois intégralement. Cet habitat se caractérise toujours par la nature instable et vacillante du substrat, tremblant sous le pied, d'où son nom. Le tapis flottant est également formé par des entrelacs de rhizomes où croissent Sphaignes et Cypéracées.", de quelques décimètres d’épaisseur en surface du plan d’eau (Fig. 3) (4).

Formation d'une tourbière
Serge SOYEZ
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Fig. 3
Depuis les berges, des plantes pionnières partent à la conquête du lac.
Elles forment des radeaux flottants ou tremblants.

        Puis les Sphaignes"Du grec sphágnos et du latin sphagnos, « mousse qui s’attache aux branches des arbres », les Sphaignes sont des Bryophytes du genre Sphagnum, apparentées aux Mousses, qui prolifèrent en milieux humides et froids. Les Sphaignes vivantes effectuent la photosynthèse et se développent en surface, au bord des marécages. Les Sphaignes mortes, nommées Hyalocystes, qui absorbent jusqu'à 40 fois leur volume d’eau, s’entremêlent aux Sphaignes vivantes, nommées Chlorocystes. L'ensemble forme une texture caractéristique spongieuse. Les cellules mortes finissent par se déposer sans se décomposer. Ce processus est appelé TOURBIFICATION. Les dépôts de matière organique non-décomposée portent le nom de TOURBE et les milieux humides dans lesquelles les Sphaignes évoluent, celui de TOURBIÈRE. La tourbière est un milieu évolutif qui voit un lac se transformer progressivement en forêt." (voir ici) finissent par coloniser toute la surface du lac ou de l’étang, formant des radeaux mouvants dont l’épaisseur varie de quelques centimètres à plus d’un mètre (Fig. 4).

Formation d'une tourbière
Serge SOYEZ
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Fig. 4
Puis les Sphaignes colonisent toute la surface de l'eau.

        Avec le temps, les Sphaignes mortes rebouchent partiellement le plan d'eau et la tourbière s'isole écologiquement du lac originel. Dans ce dernier, l'eau n’est présente que dans la partie centrale. Cette "bulle d’eau" n’alimente pas les Sphaignes qui se développent en surface car celles-ci utilisent l’eau météorique (Fig. 5). En revanche, grâce à leur pouvoir absorbant, les Sphaignes mortes se gorgent de cette "bulle d’eau", qui finit par disparaître (Fig. 6).

Formation d'une tourbière
Serge SOYEZ
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Fig. 5
Les Sphaignes comblent peu à peu le lac.
Seules des "bulles d'eau" persistent.

Formation d'une tourbière
Serge SOYEZ
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Fig. 6
Les Sphaignes ont absorbé toute l'eau.

        C’est ainsi l’eau météorique, plutôt acide et pauvre en minéraux, qui conditionne la végétation en surface et la production de tourbe en profondeur : on parle d’alimentation ombrotrophe"Du grec ombros, « eau, orage » et trophê, « nourriture, croissance », « qui est nourrit par l’eau de pluie », ombrotrophe caractérise un écosystème, comme une tourbière, alimenté en eau et en sels minéraux uniquement par les précipitations atmosphériques et les vents.". Les Sphaignes, à croissance continue vers le haut, produisent de la tourbe par leurs parties mortes (vers le bas), ce qui fait remonter la surface de la tourbière et produit le bombement caractéristique. Ce phénomène s’étale sur plusieurs millénaires et le bombement peut atteindre plusieurs mètres de hauteur. C'est pourquoi les bords de la tourbière, plus ou moins pentus, sont parfois appelés "coteaux" (Fig. 7).

Formation d'une tourbière
Serge SOYEZ
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Fig. 7
La tourbière ombrotrophe devient bombée et se transforme peu à peu en forêt.

 

Marcher sur le radeau flottant est dangereux

        Outre l'enlisement, passer au travers du radeau flottant constitue un risque bien réel pour le promeneur qui s'aventure sur une tourbière (Fig. 8).

Tourbière = Danger
Serge et Dom SOYEZ
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Fig. 8
S'aventurer sur les radeaux flottants présente un danger bien réel.

 

Où se trouvent les lacs-tourbières ? Quelques exemples.

        Les lacs-tourbières de France se trouvent essentiellement en moyenne montagne, où les tourbières soumises à des conditions climatiques plus rudes qu’en plaine, évoluent beaucoup plus lentement.

Photo n°201806004
Lac Luitel (1250m) (Belledonne, Isère)
Cliché Serge SOYEZ
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Lac-tourbière Luitel (1250m) : une tourbière acide ombrotrophe typique de moyenne montagne.
Vue direction EST.
(Chaîne de Belledonne, Isère).

Photo n°201607185
Lac de Roue (1847m) (Queyras, Hautes-Alpes)
Cliché Serge SOYEZ
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Lac-tourbière de Roue (1847m) et ses radeaux flottants, aussi appelé tremblants"Zone de pelouse flottante composée de radeaux végétaux flottant à la surface de l'eau, les tremblants se forment en colonisant les étangs ou les mares qu'ils recouvrent parfois intégralement. Cet habitat se caractérise toujours par la nature instable et vacillante du substrat, tremblant sous le pied, d'où son nom. Le tapis flottant est également formé par des entrelacs de rhizomes où croissent Sphaignes et Cypéracées.".
Vue direction NORD-EST sur :

- la Crête de Crépaud, à gauche,
- le Pic de l'Agrenier (2793m), au centre et au loin.

(Queyras, Hautes-Alpes)
(Les noms s'affichent au survol de l'image par le curseur de la souris)

Photo n°201807081
Lac Miroir ou lac des Prés Soubeyrand (2214 m) (Queyras, Hautes-Alpes)
Cliché Dominique SOYEZ
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Lac Miroir (2214m) ou lac des Prés Soubeyrand : une tourbière en formation.
Vue direction EST-SUD-EST sur :

- la Tête de Coste Belle (2552m), sur la gauche,
- la Tête de Girardin (2879m), au centre et tout au fond,
- les Laîches à utricules contractés en bec (Carex rostrata), qui envahissent peu à peu le lac.

(Queyras, Hautes-Alpes)
(Les noms s'affichent au survol de l'image par le curseur de la souris)
 

        En haute montagne, les lacs-tourbières sont généralement situés entre 1 500 et 2 300 m d’altitude, sur un substrat siliceux imperméable, modelé par les glaciers, ou recouvert de moraines. L’aspect extrêmement morcelé de ces lacs, le climat froid et le long enneigement limitent la composition floristique ainsi que le bombement de ces tourbières par rapport à leurs homologues de moyenne montagne et de plaine.

Photo n°201910002
Lac Guichard (2040m) (Les Grandes Rousses, Savoie)
Cliché Dominique SOYEZ
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Lac-tourbière Guichard (2040m) : une tourbière acide ombrotrophe morcelé typique de haute montagne.
Vue direction EST-NORD-EST.
(Les Grandes Rousses, Savoie).

Photo n°202205001
Lac Rond (2140m) (Les Grandes Rousses, Savoie)
Cliché Serge SOYEZ
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Tourbière d'altitude vers le lac Rond (2070m) au printemps.
Vue direction NORD

(Les Grandes Rousses, Isère)

Photo n°202205003_prime
Lac Faucille et sa tourbière (2063m) (Les Grandes Rousses, Isère)
Cliché Serge SOYEZ
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Tourbière d'altitude du lac Faucille (2063m) au printemps.
Au premier plan : Laîche des fanges ou Laîche des bourbiers (Carex limosa)
Vue direction NORD-OUEST

(Les Grandes Rousses, Isère)

Photo n°202309019
Lac du Pin [2 079 m] (Taillefer, Isère)
Cliché Dominique SOYEZ
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Lac-tourbière du Pin (2079m) en automne.
Vue direction OUEST sur le massif du Vercors, au loin.
(Le Taillefer, Isère)

(Les noms s'affichent au survol de l'image par le curseur de la souris)

Photo n°202209052
Lac de la Vache (2028m) (Taillefer, Isère)
Cliché Dominique SOYEZ
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Lac de la Vache et sa tourbière (2027m).
Vue direction OUEST sur :

- les 3 Aiguilles d'Arves, au centre gauche au loin,
- la Meije (3984m), sur la droite au loin.

(Le Taillefer, Isère)
(Les noms s'affichent au survol de l'image par le curseur de la souris)

Photo n°202309005
Lac du Petit Pré (2099m) (Taillefer, Isère)
Cliché Dominique SOYEZ
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Lacs et tourbières du Petit Pré (2099m) : une tourbière acide ombrotrophe morcelé typique de haute montagne.
Vue direction NORD sur :

- les points 2283 et 2293, sur la gauche,
- le Grand Galbert (2561m), sur la droite.

(Le Taillefer, Isère)
(Les noms s'affichent au survol de l'image par le curseur de la souris)

Photo n°202309010
Lac du Grand Pré [2 114 m] (Taillefer, Isère)
Cliché Dominique SOYEZ
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Tourbière au-dessus du lac du Grand Pré (vers 2150m) en automne.
Vue direction NORD.
(Le Taillefer, Isère)

Photo n°202205010
Lac Carrelet et sa tourbière (2013m) (Les Grandes Rousses, Isère)
Cliché Serge SOYEZ
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Tourbière (2038m) au SUD du lac Carrelet et lac Carrelet (2013m) au printemps.
(Les Grandes Rousses, Isère)
Vue direction NORD sur :

- les Aiguilles de l'Argentière (2914m), à droite au fond,
- des roches moutonnées, polies par le passage des glaciers, de part et d'autre de la tourbière.

(Les noms s'affichent au survol de l'image par le curseur de la souris)

Photo n°201507127
Lacs Marion Est (2487m) (Queyras, Hautes-Alpes)
Cliché Dominique SOYEZ
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Lac-tourbière Marion EST (2487m) : un lac se ferme, une tourbière se forme.
Vue direction EST-NORD-EST sur :

- le Pic de Rochebrune (3321m), à gauche,
- le Pic de Balart (2736m), à droite.

(Queyras, Hautes-Alpes)

(Les noms s'affichent au survol de l'image par le curseur de la souris)

Photo n°201507117
Entre lac du Cogour et lacs Marion (Queyras, Hautes-Alpes)
Cliché Dominique SOYEZ
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Entre lac du Cogour et lacs Marion : tourbière morcelée.
Vue direction NORD-EST sur le Pic de Beaudouis (2843m), à gauche.
(Queyras, Hautes-Alpes)

(Les noms s'affichent au survol de l'image par le curseur de la souris)

Photo n°202110003
Lac de la Clarée (2433m) (Briançonnais, Hautes-Alpes)
Cliché Serge SOYEZ
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Tourbière (2020m) à l'EST du lac Potron.
Vue direction SUD-OUEST sur le Petit Perron (2271m), sur la droite.
(Les Grandes Rousses)

(Les noms s'affichent au survol de l'image par le curseur de la souris)

 

Pourquoi la tourbe ne se dégrade-t-elle pas ?

1) Parce que la paroi cellulaire des Sphaignes contient des composés phénoliques non-biodégradables, résistant au froid et au rayonnement ultraviolet.

2) Parce que des composés acides et phénoliques contenus dans les Sphaignes inhibent l’activité bactérienne. (Relargage d'ions H+ dans le milieu extérieur qui s'acidifie davantage [voir ici]).

3) Parce que le froid et surtout la très faible teneur en nutriments des tourbières ralentissent considérablement la dégradation par les micro-organismes.

 

Quelles sont les conséquences de l'absence de dégradation de la tourbe ?

1) Il n’y a pas de formation de dioxyde de carbone (CO2). Les tourbières forment ainsi des réservoirs de carbone qui concourent ainsi à stabiliser la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

2) Bien que l’atmosphère de la Terre soit composé de 78 % d'azote, les Végétaux ne peuvent pas utiliser le diazote gazeux libre parce que cette molécule est chimiquement très stable en raison de la liaison triple qui unit deux atomes d’azote. Ainsi, pour être assimilable par les Végétaux, le N2 atmosphérique doit être réduit en ammoniac (NH3) par des bactéries. Ce procédé est appelé "fixation de l’azote".

Les Bactéries nitrifiantes sont rares dans les tourbières certains Végétaux 
ont mis en place un autre moyen pour assimiler l'azote
Serge SOYEZ
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Fig. 9
L'azote de l'air n'est pas directement assimilable par les Végétaux : il doit être transformé en nitrate par des Bactéries.

Bien que les Bactéries ammonifiantes soient communes dans les tourbières ombrotrophes (5), la nitrification ne peut pas y être menée à son terme car les Bactéries nitrifiantes sont rares (6). Or c’est principalement sous la forme d’ion nitrate, et dans une moindre mesure d’ion ammonium, que l’azote est assimilé par les plantes.

Les Bactéries nitrifiantes sont rares dans les tourbières certains Végétaux 
ont mis en place un autre moyen pour assimiler l'azote
Serge SOYEZ
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Fig. 10
Les Bactéries nitrifiantes sont rares dans les tourbières : certains Végétaux, comme les plantes carnivores, ont développé d'autres stratégies pour assimiler l'azote.

        Les plantes qui poussent dans les tourbières n’ont aucun mal à fabriquer des glucides grâce à la photosynthèse, mais sont très limitées pour combler leurs besoins en azote qu’elles ne peuvent prendre ni dans l’air (diazote gazeux non assimilable), ni dans le sol (très peu d’ions ammonium et d’ions nitrate). Voilà pourquoi, dans les tourbières, les plantes carnivores prolifèrent. En effet, ces végétaux obtiennent une partie de leur apport en azote en digérant des insectes ainsi que d’autres petits animaux.

 

Quelles sont les trois genres de plantes insectivores que l’on trouve dans les tourbières ?

        Trois genres de plantes insectivores se trouvent dans les tourbières de nos contrées : (4)
- les Grassettes (genre Pinguicula), aux feuilles gluantes,
- les Utriculaires (du latin utriculus, « petite outre », par allusion à la forme des pièges à insectes que portent certaines espèce) (genre Utricularia), qui piègent, ou plutôt pêchent leurs proies dans l’eau,
- les Droséras ou Rossolis (Droséra, du grec droseros, couvert de rosée, ou Rossolis, du latin ros solis, rosée du soleil, par allusion aux gouttes de glue présentes sur les poils des feuilles rouges disposées en rosette), (genre Drosera). Cette plante peut digérer quelques 2 000 proies en un été !

Photo n°20090809
Droséra à feuilles rondes (Drosera rotundifolia)
Cliché Serge SOYEZ
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Feuille de Droséra ou Rossolis à feuilles rondes
(Drosera rotundifolia)

 

Quelle est la structure de l’histosol d’une tourbière ombrogène ?

        On appelle « horizon pédologique », ou « horizon d'un sol », la couche de sol homogène et sensiblement parallèle à la surface, constituée de plusieurs strates (ou couches) de natures et épaisseurs différentes. Dans les tourbières, les horizons se composent essentiellement de matière organique gorgée en eau. On parle alors d'histosol"Du grec histós « trame, tissu » et du latin solum « fondement, base », l’histosol est un sol composé essentiellement de matière organique gorgée en eau : c’est typiquement le sol des tourbières.", du grec histós « trame, tissu » et du latin solum « fondement, base ».

        On distingue 2 niveaux hydrologiques dans l’histosol"Du grec histós « trame, tissu » et du latin solum « fondement, base », l’histosol est un sol composé essentiellement de matière organique gorgée en eau : c’est typiquement le sol des tourbières." d’une tourbière ombrogène"Du grec ombros, « eau, orage » et génos, « engendrer », « qui provient de l’eau de pluie », une tourbière ombrogène est une tourbière qui doit son origine uniquement aux précipitations." :
- L’acrotelme (du grec ákros « élevé » et telma « mare ») est la couche supérieure, formée de tourbe récente (tourbe claire), d’une épaisseur de 30 à 60 cm. C’est l’interface entre la tourbe ancienne (au-dessous) et la végétation vivante (au-dessus).
- Le catotelme (du grec kato « sous » et telma « mare »), est la couche inférieure, saturée en eau, formée de tourbe ancienne (tourbe noire), tassée et inactive chimiquement. (Fig. 9)

Histosol d'une tourbière
Serge SOYEZ
Copyright Reproduction interdite sans autorisation
Fig. 9
Histosol d'une tourbière.

        Les lacs qui ont évolué en tourbières sont des sites précieux pour étudier la paléoclimatologie grâce aux pollens conservés dans la tourbe. Ils permettent de connaître les climats qui se sont succédé pendant les derniers millénaires. (7)

        La tourbe est une roche carbonée qui a largement été utilisée comme combustible de chauffage. En effet, même si son pouvoir calorique est faible par rapport à celui du charbon (deux tiers environ) et également du bois, sa combustion lente fournit une chaleur continue, un peu à la façon de la braise. Jusqu’à la fin des années 1940, la tourbe servait encore de combustible pour le chauffage. Depuis les années 1950, son utilisation s’est davantage orientée vers l’horticulture.

 

Les tourbières sont des écosystèmes récents

        Les tourbières sont des écosystèmes"Un écosystème est l'ensemble formé par les facteurs physico-chimiques (abiotiques) et la communauté des espèces (facteurs biotiques) d'une aire donnée." récents (quelques milliers d’années tout au plus) où les réseaux trophiques"La chaine alimentaire, c'est-à-dire la circulation de l’énergie des nutriments depuis leur source dans les organismes photosynthétiques (producteurs) jusqu’aux différents types de consommateurs, comprend plusieurs chaînons ou niveaux nommés « niveaux trophiques » (grec « trophê », nourriture).
Au premier niveau, se trouvent les producteurs : végétaux et autres organismes photosynthétiques.
Au second niveau, apparaissent les consommateurs de ces végétaux : herbivores (consommateurs primaires).
Aux troisième, quatrième et cinquième niveaux, se répartissent les carnivores (consommateurs secondaires, tertiaires et quaternaires) qui mangent les herbivores ou d’autres carnivores selon leurs niveaux trophiques.
Ainsi, la plante (1er niveau) est mangée par l’escargot (2ème niveau) qui est mangé par le mulot (3ème niveau) qui est mangé par le serpent (4ème niveau) qui est mangé par le rapace (5ème niveau).
Le niveau trophique de l'Humain, contrairement à ce que l'on pourrait penser, est proche de 2.2, comme le Porc ou l'Anchois."
(grec trophê, nourriture) forment quelquefois des boucles inhabituelles, comme si le système n’était pas encore bien rodé. Ainsi les Droséras ou Rossolis capturent les Libellules qui auraient pu se nourrir de Bucklérie des marais (Buckleria paludum), un papillon dont la chenille mange… les Droséras ! (4)

 

BIBLIOGRAPHIE

  N°1 URRY Lisa, CAIN Michael, MINORSKY Peter, WASSERMAN Steven, REECE Jane (2020)
« Biologie de Campbell »
Éditeur : Erpi
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  N°2 FISCHESSER Bernard (2018)
« La vie de la montagne »
Éditions Delachaux et Niestlé
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  N°3 GAUTHIER Robert (2001)
Les sphaignes boréales
Le naturaliste canadien vol 125 n°3 : 180-185

  N°4 MANNEVILLE Olivier et coll (2006)
« Le monde des tourbières et des marais - France, Suisse, Belgique, Luxembourg »
Éditions Delachaux et Niestlé

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  N°5 DICKINSON C. H. (1983)
Micro-organisms in peatland.
In Gore, A. J. P. (ed.), Mires : Swamp, Bog, Fen and Moor-ecosystems of the World.
Elsevier, Amsterdam : pp 225–245.

  N°6 COLLINS V.G., D'SYLVA B.T., LATTER P.M. (1978)
Microbial populations in peat
Ecol Stud Anal Synth
Volume : Jan 1978, 27
Start Page : 94 End Page : 112

  N°7 Jacques DEBELMAS, Arnaud PÊCHER et Jean-Claude BARFÉTY (2002)
"Découverte de la géologie du Parc National des Écrins";
Éditions du BRGM

 

WEBOGRAPHIE

  N°1' Eric DRONNET, Belles Fleurs de France http://erick.dronnet.free.fr/belles_fleurs_de_france

  N°2' Franck LE DRIANT, FLOREALPES, https://www.florealpes.com

 

 

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