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Contexte
écologique
du lac Situé dans la partie EST du
département des Hautes-Alpes et au NORD du Parc Naturel Régional du
Queyras, le site naturel qui héberge le lac de Rasis (2 795 m) est
un vallon suspendu au-dessus du Guil, en rive droite (carte). Cette zone
naturelle se situe dans le "Queyras schisteux" qui est essentiellement
composée de
schistes lustrés"Les
schistes lustrés se sont formés à partir de sédiments calcaires argileux, non-purs. Déposés au fond de l’océan, ces sédiments ont subi un métamorphisme et
comme ils sont riches en paillettes de mica, ils présentent un aspect lustré très caractéristique.
Les schistes lustrés sont d’anciennes formations de type flysch calcaire plus ou moins gréseux déposées sur la marge distale et au pied de la marge européenne, dans le domaine de la transition continent-océan et sur la lithosphère océanique (futures ophiolites). Ces roches ont subi le métamorphisme alpin HP-BT (Haute Pression - Basse Température) (faciès des schistes bleus) vers -60 Ma puis ont été rétromorphosés (rétrométamorphisme) dans le faciès des schistes verts (T<300°C) vers - 39 et -31 Ma.
(RENARD M, LAGABRIELLE Y, MARTIN E, RAFÉLIS M (2018) ; Éléments de Géologie, 16ème édition du Pomerol, Éditions Dunod pp431-439, 601, 605)." (sols imperméables et pentes douces).
Localisé dans la zone biogéographique intra-alpine du
Briançonnais-Queyras, cet espace naturel est soumis à un climat
montagnard de type continental sec, teinté d'influences adriatiques plus
humide en provenance de la plaine du Pô, en Italie.
Débutant à l'étage de végétation subalpin supérieur à environ 2 020 m
d'altitude, le site culmine à 3 250 m au Grand Glaiza. Il est
principalement établi dans les étages de végétation subalpin et alpin.
Cette montagne du Malrif, caractérisée par de grandes étendues herbeuses
sur des pentes relativement peu prononcées, est entourée de crêtes
ébouleuses. De nombreuses connexions existent avec les vallées voisines,
au niveau des cols, des crêtes, et des entrées de vallons, du fait d'un
relief relativement peu accusé : cette zone n'est donc pas enclavée.
Les deux habitats déterminants de cet espace
naturel sont des milieux humides :
- les bas-marais"Partie la plus basse d'un marais." cryophiles d'altitude des bords de sources et
suintements à Laîche des frimas (Carex frigida),
- les bas-marais pionniers arctico-alpins à Laîche bicolore (Carex
bicolor), qui renferment plusieurs espèces végétales rares.
Sept habitats remarquables sont aussi
présents :
- les landes épineuses à Astragale toujours verte (Astragalus
sempervirens),
- les prairies de fauche d'altitude,
- les mélézins"Forêt de Mélèzes."-cembraies"Forêt de Pins cembro ou Arole." ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et
de Pin cembro (Pinus cembra),
- les bas-marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana),
- les bas-marais acides,
- les éboulis siliceux alpins,
- les formations végétales des rochers et falaises calcaires.
La présence d'un autre habitat original
mérite d'être signalée :
- les landines riches en lichens à Airelle bleue (Vaccinium
uliginosum) et à Azalée naine (Loiseleuria procumbens),
établies au niveau des crêtes ventées et froides.
Cette zone naturelle comprend seize espèces
végétales déterminantes.
Six sont protégées au niveau national :
- la Tofieldie boréale (Tofieldia
pusilla), petite plante des bas-marais"Partie la plus basse d'un marais." arctico-alpins,
- l'Androsace des Alpes (Androsace alpina),
- l'Androsace
de Suisse (Androsace helvetica),
- l'Androsace pubescente (Androsace pubescens),
- le
Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata),
- la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare Cypéracée des
marécages arctico-alpins froids d'altitude.
Six sont protégées en région Provence-Alpes-Côte d'Azur :
- le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza
incarnata subsp. cruenta),
- l'Orchis nain des Alpes (Chamorchis alpina),
- le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico-alpine rare des marécages et bords de
ruisselets,
- l'Azalée
naine (Kalmia procumbens),
- le Trisète en épi à panicule ovale (Trisetum spicatum subsp.
ovatipaniculatum),
- le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora).
Quatre espèces n'ont pas de statut de protection :
- le Sainfoin de Briançon (Hedysarum
brigantiacum), Fabacée récemment décrite,
- le Scirpe de Hudson
(Trichophorum alpinum), rare Cypéracée des bas-marais arctico-alpins,
- l'Oréochlora fausse seslérie
(Oreochloa seslerioides), Graminée des pelouses rocailleuses
acidophile,
- le Saxifrage à tige dressée (Saxifraga adscendens).
En outre, cet espace naturel comprend six
espèces végétales remarquables.
Deux sont protégées au niveau national :
- la Primevère marginée (Primula
marginata), spectaculaire plante des parois calcaires,
- le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare Cypéracée circumboréale
des bas-marais froids d'altitude.
Deux sont protégées en région Provence-Alpes-Côte d'Azur :
- la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris),
- le Saule pubescent (Salix
laggeri), arbuste
endémique"L'endémisme, du grec éndêmos, indigène, caractérise la présence naturelle d'un groupe biologique exclusivement dans une région géographique délimitée." des Alpes qui pousse dans les alluvions
humides et sur les berges de torrents.
Deux n'ont pas de statut de protection :
- le
Génépi noir (Artemisia genipi),
- la Gentiane de Schleicher (Gentiana schleicheri).
Seulement quatre espèces animales patrimoniales ont été répertoriées sur
ce site :
- l'Aigle royal (Aquila chrysaetos),
- le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax),
nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient
s'alimenter situés à proximité de falaises où il niche,
- le Petit Apollon
(Parnassius corybas sacerdos), Lépidoptère Rhopalocère («
papillon de jour ») remarquable et protégé en France,
des bords des torrents et autres zones humides
des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage
faux-aïzoon (Saxifraga aizoides),
- l'Apollon (Parnassius
apollo), Lépidoptère Rhopalocère (« papillon de jour ») remarquable d'affinité montagnarde, protégé au niveau
européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à
Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d'altitude.
La gestion pastorale du site semble
actuellement permettre un relativement bon état de conservation de la
flore et des habitats présents : l'abondance des Mammifères sauvages
montre qu'un équilibre a été trouvé.
En revanche, la fréquentation touristique est très importante en période
estivale du fait du passage du GR 58 (variante). Cette sur-fréquentation
peut avoir des conséquences directes sur la flore et ses habitats
(piétinement du sol et des plantes, cueillette...). Des nuisances sont
aussi induites par une pollution visuelle et sonore liée aux nombreux
passages, et aussi par l'abandon de détritus sur place. À cela s'ajoute
l'attrait pour le Génépi des glaciers (Artemisia glacialis) sur
les éboulis de
calcschistes"Schiste métamorphique calcaire, où la calcite CaCO3
est associée à du mica. Avant le métamorphisme, c'était un mélange de
calcaire et d'argile.". La cueillette, à des fins privées ou
commerciales, peut aboutir ponctuellement à des arrachages excessifs de
ces plantes et à une érosion accélérée du sol par le piétinement des
cueilleurs.
(En
savoir plus).
Inventaire de la faune et de la flore:
INPN
N°1 d’après le site INPN - Inventaire National du
Patrimoine Naturel
inpn.mnhn.fr,
Copyright ©
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